Page 76 : En route pour Le Touquet

En juin 2021, j'ai remonté la côte française vers le Pas-de-Calais, et suivi pour ce livre les traces de l'odyssée que mon père avait faite, enfant, en 1940. (En sens inverse, comme à mon habitude.) J'ai exploré les routes autour du Touquet et essayé de trouver laquelle mon père et Lisa avaient empruntée.

Il était difficile de s'imaginer que, 81 ans plus tôt, ces mêmes routes avaient été noires de réfugiés fuyant leur domicile, et que l'armée allemande avait été envoyée pour les dégager afin d'ouvrir la voie à leurs tanks.

Je me suis garé et j'ai un peu marché pour me faire une idée du paysage. Quelques vaches sont venues vers la clôture, dans l'espoir de partager mon croissant.

Page 77 : Un dessin de char

Mon père m'a dit qu'en 1940, après qu'il a fait dans une forêt française ce dessin au pastel d'un char, Lisa l'a mis dans son sac à main et l'a gardé longtemps après la guerre. Il est aujourd'hui perdu.

Il a réalisé ces dessins au crayon des aventures qu'ils ont vécues cette semaine-là un an et demi plus tard, à Cuba.

Ce que Lisa appelait la « vision télescopique » de mon père a décliné après l'enfance. Il me soutient qu'à l'école doctorale de Columbia, il avait toujours une acuité visuelle de 20/10, et qu'il pouvait voir des paramécies sur une lame de microscope à l'œil nu. Aujourd'hui, à 91 ans, il lui faut deux paires de lunettes pour lire. Hélas, c'est de cette vue-là que j'ai hérité.

Page 84 : Soldats

L'armée britannique a envoyé en France un contingent de près de 400 000 hommes en septembre 1939, lorsque la Grande-Bretagne et la France ont déclaré la guerre à l'Allemagne nazie. En mai-juin 1940, après la défaite surprise de la France, le Corps expéditionnaire britannique (CEB) a été évacué en quelques journées terribles, comme on le voit dans le film Dunkirk.

Le soldat britannique que mon père et Lisa ont rencontré sur la route faisait probablement partie des 40 000 « disparus ou capturés » qui ne sont jamais arrivés jusqu'à la plage.

Page 85 : Montreuil

Mon père pense que cette ville était Montreuil-sur-Mer. Je m'y suis arrêté pendant mon road trip. Alors que je prenais un café sur la place du village, les invités d'un mariage sont sortis de l'église ; j'ai fait un rapide croquis.

Page 86 : Pourquoi etes-vous si triste ?

Quand mon père raconte cette histoire, il dit les mots du soldat en dialecte viennois : « Frolein, wos shawn ze den so trorig drein? »

Page 87 : L'occupation allemande

Les livres et films français de toute une génération ont décrit le traumatisme de mai 1940 et de ses conséquences, quand le peuple français a dû faire avec l'occupation nazie et la partition du pays. Un des plus grands films sur cette période est le documentaire de 1969 de Marcel Ophul, Le Chagrin et la pitié.

Bande-annonce du film Le Chagrin et la pitié

Comme beaucoup de gamins new-yorkais dans les années 70, j'en ai entendu parler pour la première fois dans un autre film (plus court) : Annie Hall, de Woody Allen.

Page 99 : Shadowman

La vidéo d'ArsTechnica de 2020 raconte très bien les coulisses de la fabrication de Prince of Persia dans les années 80, et notamment le rôle de mon frère, le procédé d'animation par rotoscopie, et comment Shadowman a été créé.

Page 103 : Livre pour enfants

Le livre que mon grand-père a écrit et dessiné pendant ses mois d'exil, dans son appartement de célibataire du quartier de Malecón à La Havane, est devenu un objet légendaire dans notre famille. Plus tard, Grani en a fait un splendide livre relié à la main (après son arrivée à New York, elle avait appris la reliure pour gagner de l'argent, en plus des ménages). En 2017, ma belle-mère Karyn l'a fait scanner et en a fait imprimer des copies numériques.

J'adore les dessins de Papi. Il se montre avec plus de cheveux que je n'en vois sur les photos, mais les autres détails sont réalistes, et le tout est très évocateur. Je me suis inspiré de ses dessins et de ceux de mon père en créant Replay.